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Un article sur le Lylo magazine consacré au Tamanoir, sa programmation, ses activités !

Mai 2016

Interview des programmateurs

L’article dans son contexte par ici

 

Un tamanoir au beau milieu de la jungle urbaine… Vision surréaliste d’un fourmilier perdu dans la fourmilière humaine du quartier du Luth et de ses barres grisâtres. « Avez-vous vu le tamanoir ? / Ciel bleu, ciel gris, ciel blanc, ciel noir… », interroge Robert Desnos dans son poème, qui a inspiré le nom de cette salle à taille humaine (jauge de 240 places). Non, ici, vous ne trouverez que de la couleur, celles des graffitis peints aux murs, et celles qui résonnent à l’intérieur de cette scène des musiques actuelles. Créée en 1997 sur la base d’un café-musique, l’incontournable salle de Gennevilliers n’a pas fini de surprendre tous ceux, qui, en près de vingt ans, ont passé les portes de ce laboratoire musical.

« Tamablack »
A sa tête, Jean-Christophe Delcroix, le directeur du « Tam » depuis deux ans, ancien manager de groupes et organisateur de festivals en Bretagne dans les années 90 (« J’ai toujours été dans la connexion, la transmission, la mise en relation des artistes et du public »), et Eléonore Okpisz, chargée de programmation et de la communication, ex-étudiante en biologie reconvertie dans les métiers de la musique pour assouvir sa passion de percussionniste de Batucada. Un homme, une femme, deux générations, deux caractères, des goûts artistiques différents, une vision commune de leur rôle d’acteurs socio-culturels. S’ils aiment se taquiner autour de la programmation, c’est pour mieux se surprendre et proposer des plateaux originaux. Ici, on n’a pas beaucoup de pétrole (120 000 euros de budget artistique par an), mais des idées à couper le souffle. « Nous produisons tous nos concerts, nous ne sommes pas un garage ! », s’enorgueillit le directeur. Ils ont fait quelques jolis coups, tous styles confondus : The Beatnuts, Masta Ace, Saul Williams, Dirty Dozen Brass Band ou Ebo Taylor, le dinosaure ghanéen du highlife et de l’afrobeat ! Ils font venir les stars touaregs Bombino et Terakaft pour une soirée blues du désert le 22 mai. « Nous essayons de proposer des dates uniques sans jamais dealer une exclusivité. Comme pour les concerts de Mop Mop et du Hidden Orchestra, il arrive régulièrement qu’un artiste en pleine tournée internationale n’ait qu’une date en France, et c’est au Tamanoir ! » Plutôt dédiée au hip hop US, la ligne artistique lorgne néanmoins les rives du monde entier : « Ça va du jazz-funk au rap, en passant par les musiques du monde, mais avec un propension à « l’hybridation » des musiques actuelles. Bref, les musiques du monde actuel », résume-t-il, en s’amusant du surnom du lieu, le « Tamablack ».

Le Tam à 10 minutes de Paname
Contrairement à beaucoup de salles de banlieue, le Tamanoir ne souffre pas d’isolement. Pas besoin de prendre sa voiture, la salle se trouve à trois minutes de la bouche de métro (ligne 13, station Les Courtilles), un petit quart d’heure de la place Clichy. Situé à la frontières de trois départements, le Tam est un véritable carrefour francilien. Rareté, le pu-blic est constitué de 23% de Parisiens, selon une enquête menée en 2015.
Son credo ? La proximité. Avec le public et les riverains du Luth, qui viennent se divertir dans le seul spot culturel du quartier. Avec les artistes, qui trouvent là une équipe aux petits soins, une seconde maison plus qu’une simple date. Des exemples ? « Noriega était venu donner un concert, il avait beaucoup aimé la salle, sa proximité avec le public, du coup il était revenu le lendemain pour tourner son clip », se rappelle Eléonore. C’est aussi la Dame Blanche (choriste de Sergent Garcia et alchimiste des alliages hip hop, ragga et nueva-cumbia sur son projet solo), qui, trois semaines avant son passage au Tamanoir, en mai 2015, apporte elle-même ses affiches à l’équipe, ravie d’être programmée dans une salle où elle rêvait de jouer. Depuis, elle court les scène du monde entier. Résidences d’artistes (près de vingt par an), cours collectifs, dispositifs d’accompagnement (aide administrative, conseils en communication), soirées Open Mic, la Tam Team joue les défricheurs et les « connexionneurs », à l’image du regretté RKK, comme lorsqu’ils développent les créations maison, tel le projet « Une Vie en Bloc », mené avec l’association hip hop du quartier MAD (en première partie de The Lords of the Underground le 13 mai), « une symphonie urbaine qui regroupe des artistes de hip hop et les musiciens du Conservatoire de Gennevilliers », explique Jean-Christophe. La rencontre entre deux mondes qui se sont longtemps toisés du regard. Rien n’effraie le Tamanoir.